samedi 5 novembre 2011

petite histoire de la biodynamie dans l ouest

LA REGION ANJOU-TOURAINE

L’organisation actuelle de la Bio-Dynamie en France, avec des instances nationales et des groupes régionaux, est le résultat d’un développement de l’agriculture Bio-Dynamique qui ne commence véritablement que dans les années 80. De l’immédiat après-guerre aux années 70, les domaines cultivés en Bio-Dynamie devaient se compter sur les doigts de la main. Epoque où l’agriculture biologique elle-même était confidentielle et où « biologistes » et « biodynamistes » se soutenaient et se réchauffaient au sein d’un organisme national comme Nature et Progrès.
Ce n’est qu’au début des années 70 que fut créé le SABD, Syndicat d’Agriculture Bio-Dynamique, et mis en place une politique et un lieu de formation au centre de la France, de façon à promouvoir une « culture » biodynamique. Et sur la commune de St Laurent dans le Cher, le domaine de l’Ormoy, régenté de main de maitre par Claude Monziès, devint le théâtre de nombreuses journées d’initiation à l’agriculture bio-dynamique, à la botanique goethéenne, à la médecine familiale anthroposophique, etc…J’en fus moi-même un bénéficiaire dans ces années-là.

Les années 80
La politique porta ses fruits et le nombre d’agriculteurs et de jardiniers convertis à la bio-dynamie augmenta sensiblement. Ce fut au point que, dès le début des années 80 en Anjou, nous nous sentions assez nombreux pour avoir envie de prendre en main par nous-mêmes nos besoins de formation et relayer régionalement le développement de la « culture » bio-dynamique. Nous avons alors créé le « Cercle de Culture Bio-Dynamique de l’Anjou » et multiplié les rencontres et les formations, principalement autour de François et de Jacqueline Bouchet à Montreuil Bellay.
A la même époque, avec Thomas et Annelies Kuhn près de Tours, une démarche semblable s’effectuait et aboutissait à la création d’une association qui prenait le nom de « Syndicat d’Agriculture Bio-Dynamique de Touraine ». Elle opérait surtout par des visites mensuelles sur des domaines, avec lecture du Cours aux Agriculteurs et dynamisation sur le lieu d’une préparation.




Les années 90
Au tournant des années 90, avec la reconnaissance officielle de l’Agriculture Biologique se posa le problème du Contrôle. En même temps se faisait sentir le besoin de réunir les forces de ces 2 associations qui fusionnèrent et prirent le nom d’Association de Culture Bio-Dynamique des Pays de Loire (ACBDPL), association fédéré au Mouvement de Culture Bio-Dynamique (MCBD). Ce fut une époque où les agriculteurs, sous l’impulsion du SABD et de DEMETER, se réunissaient une fois par an pour présenter leur pratique de la Bio-Dynamie et en obtenir un diplôme officiel. En même temps, l’association régionale poursuivait, avec surtout les consommateurs et les jardiniers amateurs son rythme de visites mensuelles pour approfondir la connaissance du Cours aux Agriculteurs et soutenir la pratique des dynamisations.
Dans l’Ouest alors, la surface géographique couverte par le contrôle SABD-DEMETER représentait un quadrilatère réunissant Blois, St Nazaire, Les Sables d’Olonne et Bourges qui aurait pu s’appeler Centre Ouest Atlantique. Il correspondait à la Région Centre et à celle des Pays de Loire, dont l’axe central, Château-la-Vallière – Bourgueil – Chinon, séparait les 2 régions administratives. Quant à l’association ACBDPL, elle assurait un rôle de structure juridique de soutien pour les besoins des agriculteurs mais limitait ses ambitions de communications et de réunions aux 2 départements 37 et 49 (Indre et Loire et Maine et Loire)

Les années 2000
Avec les années 2000, le « contrôle participatif » entre paysans fut abandonné et confié à un organisme indépendant. L’Assemblée Régionale perdit alors son caractère de grande distribution des prix - ce qui en constituait l’essentiel du contenu et de l’intérêt pour les paysans candidats à la marque Déméter. La participation aux Assemblées Régionales suivantes chuta drastiquement. Plus facile de rassembler des gens pour l’obtention d’une carotte que pour un échange gratuit d’expériences, un approfondissement de la compréhension des pratiques, un renforcement de la solidarité syndicale avec les instances nationales, pour peser sur la contrainte de certaines réglementations administratives nuisibles au développement de l’agriculture biologique et bio-dynamique. Ca devenait pourtant la raison d’être désormais des Assemblées Régionales.
C’était en soi aussi l’objectif de l’association ACBDPL. C’est alors que l’on imagina et organisa les « Rencontres Régionales de l’Agriculture Bio-Dynamique de Bourgueil ». Il s’agissait de susciter un évènement public pour sortir cette agriculture de la confidentialité. Six Rencontres festives, en l’abbaye de Bourgueil, sur différents thèmes avec des conférenciers quelque peu connus ont alors réuni jusqu’à 200 personnes. Et le premier résultat tangible obtenu, dès la 1ère Rencontre, a été l’octroi par les instances bio de la Région Centre d’un animateur à mi-temps pour les besoins spécifiques des biodynamistes de la Région.
Nous n’avions pas attendu cet événement pour collaborer avec les GAB (Groupement des Agriculteurs Biologiques). Un certain nombre d’entre nous s’étaient déjà engagés dans leurs Conseil d’Administration au cours de la décennie précédente, et, en Touraine comme en Anjou, les sigles s’étaient enrichis d’un 2ème b (GabbAnjou, Gabbto) pour bien souligner la volonté de faire ensemble, biologistes et bio-dynamistes. Ce fut pour nous un appui administratif précieux pour le montage de dossiers quand il s’est agi, entre autre, d’organiser des formations en Agriculture Bio-Dynamique.
Les Rencontres de Bourgueil avaient sorti de l’ombre l’Agriculture Bio-Dynamique. Un certain nombre d’agriculteurs bio et conventionnels manifestaient le besoin d’en savoir plus. Avec les GAB de l’Anjou et de la Touraine, on mit en place chaque année des programmes de formation financés par les fonds VIVEA. Mouvement qui conduisit nécessairement à s’intéresser aux « préparations biodynamiques » et à leur élaboration.

Déjà, depuis les années 80, on remplissait et on enterrait les cornes dans la ferme de Jacky Frette et Hubert Guinoiseau, près de Noyant (49), à la frontière entre l’Anjou et la
Touraine. Et maintenant, durant cette 1ère décennie des années 2000, c’est sur 2 nouveaux sites que l’on se mit à élaborer non seulement la bouse de corne (500), mais aussi la silice de corne (501) et toutes les préparations du compost (502…507). Et, tout naturellement, ces 2 sites se positionnèrent, l’un, à Thésée la Romaine (41) à l’Est de la Touraine, l’autre à Somloire (49), à l’Ouest de l’Anjou, dans un beau balancement par rapport à l’axe central de la région Anjou-Touraine.


La simple beauté du geste témoigne de la nature organique de notre développement
qui n’est pas l’accomplissement d’un plan préétabli mais le résultat d’un fourmillement d’initiatives de part et d’autre d’un centre situé entre Angers et Tours. Quel petit dieu régional a suggéré à Bruno d’un côté et à Hervé de l’autre de prêter leur domaine pour y concocter la cuisine alchimique des « préparations » ? Quel esprit a soufflé sur Alain et Florence, Virginie et Nathalie, et autres animateurs (trices) aux Gabbto et Gabbanjou, pour qu’ils (elles) s’intéressent activement à la biodynamie ? Et quel magicien eut la bonne idée de répartir également sur tout le territoire des biodynamistes, points de mire dans leur entourage, et en capacité d’accueillir les nouveaux venus et de les relier au réseau existant.
Cette observation goethéenne de l’évolution d’un groupe social apporte à la fois un sentiment de sécurité quant à l’avenir, tout en révélant le caractère transitoire de toute situation. Un instantané aujourd’hui y décèle un centre principal, des centres secondaires et un certain nombre de « foyers de contamination » où la biodynamie fait tache d’huile. Dans le chinonais, dans le pays de Bourgueil, dans les coteaux du Layon, de nouveaux vignerons voisinent et se soutiennent dans la pratique de la biodynamie. Les sites où l’on élabore les préparations exercent une forte attraction auprès des agriculteurs, des jardiniers et des consommateurs de leur entourage et ils deviennent des petits centres de formation. Et il y a un centre principal dont la fonction est d’être présent à ce qui nait ici et là, d’assurer du lien entre les initiatives et d’œuvrer pour une conscience élargie au Mouvement pour l’Agriculture Bio-Dynamique (MABD) dans les autres régions et au niveau national.


Mais voilà qu’après avoir étendu, dans les années 90, son action sur le grand quadrilatère Région Centre et Pays de Loire, notre entité Anjou-Touraine va retrouver « ses frontières naturelles » à savoir les 2 départements de Maine et Loire et d’Indre et Loire et les marges des départements voisins. Le nombre de biodynamistes s’est multiplié par dix et, à l’ouest comme au sud, de nouvelles entités sont sur le point de naître. A la jonction entre la Vendée et la Loire Atlantique, chez Jacques Bourcier, (photo ci-contre), on a commencé à élaborer la bouse de corne et le compost de bouse. Et dans les 2 départements une collaboration s’installe entre quelques paysans biodynamistes et des animateurs des Gab85 et 44, pour mettre en place des formations VIVEA. A notre sud, une entité « Poitou-Charentes » s’apprête à annoncer son acte de naissance dans la même dynamique de création d’un site d’élaboration des préparations et de mise en place de journées de formation.
Des statistiques ? Combien de consommateurs - jardiniers cotisants à l’ACBDPL : une soixantaine. Combien de paysans Déméter et autres paysans ayant payé une simple cotisation au MABD : une vingtaine. Mais il faudrait multiplier ce dernier chiffre par 2 ou 3 pour compter tous ceux qui sont en marche vers l’agriculture bio-dynamique, la pratique déjà mais en solitaire avec un conseiller privé, n’ont fait que commencer à passer quelques préparations, ont participé à quelques journées d’initiation mais sont en stand-by…Et quelle espèce de paysans rassemblons-nous ? Surtout des vignerons (Anjou-Touraine oblige), mais aussi des polyculteurs-éleveurs, des maraîchers des arboriculteurs. A vrai dire je n’ai aucun goût pour faire moi-même ces statistiques. Je suis surtout sensible à ce mouvement vers cette « communauté de valeurs » (*) qu’est le Mouvement pour l’Agriculture Bio-Dynamique (MABD)

Guy David le 15 août 2011

(*) Cf. Mireille Delmas-Marty : « Vers une communauté de valeurs »

mercredi 16 février 2011

le chene de 400 ans

le jardin de marie france

guy

guy

etienne

mercredi 9 fev 2011

formation plantes et biodynamie
1)les plantes selon etienne herault (sepant)
2)la vision de guy david et les plantes utilisables en biodynamie
3)visite dujardin de marie france petit

10 fev 2011 les plantes biodyn g david

L’approche dynamique de la plante

Pour aborder les préparations bio-dynamiques, il faut pratiquer, par rapport aux plantes choisies et aux organes animaux qui leur servent d’enveloppes, une approche dynamique qui nous fasse entrer dans le mouvement de la vie qui les anime. C’est une approche qui caractérise la démarche scientifique de Goethe que Rudolf Stener à étudié pendant 10 ans, à Weimar, dans la dernière décade du 19ème siècle et dont il rend compte dans son livre, « Goethe, le Galilée de la science du vivant ».
Cette approche Goethéenne se distingue de l’observation scientifique telle qu’elle est généralement enseignée, et pratiquée par les chercheurs contemporains. Celle-ci consiste à distinguer dans l’objet d’étude les caractères essentiels qui vont entrer dans sa définition. L’idéal étant de parvenir à une formule mathématique, du genre OH2 pour parler de l’eau. Ce qui est peut-être pertinent s’il s’agit de matière physique mais qui l’est beaucoup moins quand on s’intéresse à la matière vivante.
Dans ce cas on va tenter de sortir d’une description « à plat » qui saisit l’objet dans un état statique et qui étale ses composants, son appartenance à telle famille, telle espèce, telle variété, ses propriétés thérapeutiques, ses besoins en eau, en matière organique, etc…Et nous allons essayer de l’accompagner dans son mouvement de son état de graine ,
- à la façon dont elle va déployer ses premières radicelles, puis fouiller le sol par un chevelu, un pivot ou des rhizomes
- au geste qu’elle accomplit en déployant dans l’atmosphère ses tiges, ses feuilles et ses fleurs
- à la façon dont elle s’y prend pour nous présenter ses fruits et répandre ses graines dans le biotope de son choix.….
Chaque plante a son mouvement propre qui fait sens et qu’il faut méditer pour
comprendre et partager (profiter) de sa vie. C’est par cette démarche goethéenne que Rudolf Steiner a choisi les 6 plantes qui entrent dans l’élaboration des 6 préparations bio-dynamiques pour le compost : l’achillée mille-feuille, la matricaire camomille, l’ortie, l’écorce de chêne, le pissenlit et la valériane.

Voici, à titre d’exemple, une approche de l’achillée mille-feuille qui est constitué d’emprunts descriptifs parus dans « le calendrier des semis bio-dynamique de l’année 2004 » et dans le petit livret «Les plantes des préparations bio-dynamiques »(Simonis)



L’achillée mille-feuille

Implantation
L’achillée cherche toujours la pleine lumière et la chaleur. Plante des prairies et pâturages extensifs plutôt secs et, depuis la culture des prairies, on la trouve surtout sur les talus, les bords des chemins et les zones de friches.

Chimie
On trouve une importante teneur en silice et 48% de potasse dans ses cendres. Le soufre y est intégré de manière particulièrement harmonieuse et tenace dans l’albumine.
« On croirait, à voir cette achillée dans la nature, que quelque créateur de plantes a donné là un modèle permettant de mettre le soufre dans un juste rapport avec les autres substances qui composent la plante. On serait tenté de dire que dans aucune autre plante les esprits de la nature ne parviennent à une telle perfection dans l’utilisation du soufre ». Rudolf Steiner : Le Cours aux Agriculteurs – 5ème conférence.

La métamorphose des feuilles de l’achillée
Chez l’achillée, les feuilles cotylédonaires sont fines, tendres mais ensuite les 1ères feuilles sont out de suite fortement découpées – comparées à une série de feuilles « types ». On pourrait dire que l’achillée commence tout de suite avec un type de feuilles révélant l’influence des forces florales, influence aussi visible par le fait que les folioles, redressées en 3 dimensions, forment une sorte d’espace intérieur, geste typique de la fleur.

La floraison de l’achillée mille-feuille
- Ne pas confondre avec la carotte sauvage
- L’achillée fleurit en été au moment où le soleil, après être passé au solstice à la St-Jean, stagne un peu et commence à redescendre dans le ciel, sorte de « midi de l’année » en juillet-août. On peut constater que se forment alors de fausses ombelles (cf. carottes sauvages), sortes de « plateaux de fleurs », comme si le geste descendant du soleil marquait les inflorescences qui sont comme « tassées, aplaties ».



La racine d’achillée mille-feuille


- Peu profonde, ce qui est étonnant pour une plante résistant à la sécheresse. La racine primaire meurt rapidement
- Nombreuses tiges souterraines colonisent le terrain dans toutes les directions dont les pointes ressortent à la surface en formant de nouvelles rosettes de feuilles.
- Formation d’épais tapis dans les pacages ou sur les talus résistant tant au pas des moutons qu’au passage des engins.
- Ancrée en terre moins par des racines que par un système de tiges étalées et écrasées sous la terre ce qui lui permet sa grande résistance.
Le geste de l’achillée
- Contraste entre le vert sombre dense de la tige et des feuilles, marqué parfois de grenat violacé et le large plateau de fleurs blanches.
- Le « geste » de la plante se révèle mieux dans la fleur qui est une sorte de quintessence de la plante, la signature de l’archétype de l’espèce. Chez l’achillée l’inflorescence est en fait composée d’une multitude de capitules (fleurs composées) à nouveau réunis pour former une unité supérieure. Geste de rassemblement, de coordination de très nombreux organes finement différenciés.
- L’ambiance de l’achillée est plutôt retenue et sèche. Chaleur sèche et air aromatique avec une grande masse de fleurs denses et de nombreux insectes.
- Ambiance des processus de maturation et de durcissement accompagnant la formation des fruits et des graines au cœur de l’été.
- Jusqu’en hiver et même au printemps suivant, les pousses et les graines de l’année restent en place, sèches et persistantes, donnant une impression de permanence, de pérennité.
- L’achillée évoque par sa présence une sorte de force tranquille, une présence amicale liant un aspect rigide, sec avec des formes ciselées, très fines.
- Posée sur le sol, l’achillée s’élève et s’installe durablement dans la sphère de l’air et de la lumière (astralité)

Xxx


Et quelques belles images de fleurs de matricaire camomille de pissenlit et de valériane que l’on récolte pour les préparations 503, 506 et 507.







Le 10 février 2011
Guy David